Lettre de Jules Vallès à Claude Perroud
Acquisition d'une lettre autographe signée de Jules Vallès
- Jules Vallès, grande figure du XIXe siècle, est emblématique du département de la Haute-Loire. Connu pour ses œuvres littéraires, ce fut également un grand combattant des libertés. Après une enfance qu’il décrit comme brimée et malheureuse au Puy-en-Velay, il va rapidement à l’encontre des principes politiques du régime napoléonien de l’époque. Il lutta avec passion pour une révolution du système, toujours à la tête des manifestations. Fervent défenseur de la liberté des individus et de la presse, il publie bon nombre d’articles dans des journaux, et crée « Le Cri du peuple », qui sera banni par la suite. Ses batailles le conduisent à une période d’exil durant laquelle il rédige sa trilogie autobiographique qui lui vaudra son succès : L’Enfant, Le Bachelier et L’insurgé.
- Les Archives départementales de la Haute-Loire ont acquis, par achat auprès de Bonnefoi Livres Anciens le 12 Février 2014, une lettre autographe signée de Jules Vallès, qui, par exception, mentionne expressément des personnes de sa ville natale, dans un lot consacré à des affaires plus parisiennes. Son correspondant, Claude Perroud, alors jeune professeur au Lycée du Puy-en-Velay et journaliste au Moniteur de la Haute-Loire, devint ensuite recteur de l’Académie de Toulouse (Claude Perroud, article Wikipedia). Il évoque encore un Giron qui est certainement Aimé Giron, auteur au Puy (Aimé Giron, article Wikipedia), et un Robert qui doit correspondre à Victor Robert, peintre et bourgeois-révolutionnaire (Charles-Louis d’Orgeix, « Victor Robert, un peintre engagé à la fin de l’époque romantique », Cahiers de la Haute-Loire, 2002, p. 265-348).
Retranscription de la lettre :
« 66
29 janvier
rue Bretonvilliers, 9
Cher Monsieur Perroud,
J’ai vu une lettre dans laquelle vous annonciez un article sur moi dans la Haute-Loire. D’autre part un M.Giron que j’ai revu à Paris le mois dernier, m’a fait savoir qu’il veut publier un article dans les Réfractaires. Il en avait parlé de vive voix et je n’avais pas affirmé que vous enverriez votre étude ; peut-être même, pour sauver votre impartialité du reproche de camaraderie auprès d’un Poneau* ( ?) n’avais-je rien dit de votre intention.
Remarquez que je tiens de toutes mes forces à votre appréciation. Je les sacrifierai toutes à celle-là d’autant mieux que si vous êtes sévère comme juge vous me connaissez et savez qu'il peut espérer de moi. Je désire donc savoir si votre article a paru et vous prie d'en assurer la publication même contre la rivalité aimable de M. Giron.
Veuillez répondre un mot. Je vous trouve bien négligent à mon endroit sous ce rapport. Vous me rendez dès que je vous le demande vous ne semblez prendre qu’un plaisir médiocre à une correspondance dont je serai fort heureux.
J’attends, cette fois-ci une lettre, pouvez-vous m’adresser l’article en même temps ! En tous cas donnez-moi des nouvelles, et dites-moi quand il paraîtra.
Je n’ai pas reçu l’étude de M. Robert et ne sais plus ce que j’ai dit. Si M. Robert venait (il n’est pas venu) je serai embarrassé pour m’expliquer.
Je vous serre en courant la main.
Jules Vallès. »
(*) Ponot, terme usuel pour désigner les habitants du Puy-en-Velay.
Poneau1